Cinquième façade
Jusqu’à un passé récent, les toitures ne servaient à rien d’autre qu’à nous protéger des intempéries et des agressions extérieures. Il est vrai que dans le monde occidental la forme plus ou moins pentue des toitures ne permettait guère d’autres usages que de servir de lieu de stockage ou de combles habitables.
Au début du XXe siècle, avec le développement d’un urbanisme fonctionnaliste (Charte d’Athènes) associé à la maîtrise de l’utilisation du béton armé, les toitures plates ont commencé à apparaître et à se multiplier, voire à se généraliser sur les immeubles après 1950. Aujourd’hui malgré quelques querelles d’ordre esthétique, ces toitures plates sont complètement intégrées dans nos paysages urbains jusqu’à être largement dominantes dans certains quartiers récents.
“Les bâtiments occupent environ 70% de la surface d’une ville.”
Dès lors au vu de la prolifération des toitures-terrasses en nombre on peut légitimement se poser la question de leur fonction ou de leur appropriation pour une utilisation complémentaire autre que celle fondamentale mais réductrice de protection.
Ces grandes surfaces plates sont trop souvent sous-exploitées. Au pire elles servent de « débarras techniques » où fleurissent par facilité et pèle mêle des installations de chauffage ou de climatisation, des gaines et des moteurs de ventilation, des machineries d’ascenseur, des antennes…
Installations techniques que la maîtrise d’ouvrage ou la maîtrise d’œuvre n’a pas voulu ou pu rentrer à l’intérieur des bâtiments.
Face à la rareté du foncier et à l’heure du réchauffement climatique, on doit reproduire les trop rares initiatives prises pour diversifier les fonctions de ces toitures.
Déjà Le Corbusier en 1952, prenant conscience du potentiel que représentaient les toitures-terrasses, a construit une école maternelle et sa cour de récréation, sur la toiture-terrasse d’une Unité d’Habitation à Marseille (La Cité Radieuse).
La fonction technique
peut être complétée par une fonction de loisirs (lieux de rencontre, jardins partagés ou d’agréments…), par une fonction environnementale favorisant les circuits courts (production de légumes et fruits sous serres posées sur la toiture) ou encore par une fonction de production d’énergies propres (éolien, solaire) et enfin par une fonction esthétique trop longtemps négligée.
La notion de cinquième façade développée par Le Corbusier pour désigner les toits prend alors tout son sens avec cette fonction esthétique à associer aux toitures-terrasses.
En effet à l’approche d’une ère de densification des villes dans laquelle les bâtiments prennent de la hauteur, et se rapprochent les uns des autres, les vues à partir des logements deviennent essentielles. La vue plongeante sur l’installation technique implantée sur une toiture-terrasse en contre-bas peut rapidement devenir déprimante.
A contrario avoir la vue d’une terrasse aménagée agrémentée d’espaces de verdure sur laquelle les habitants prennent plaisir à se retrouver, contribue à faire oublier la densification et ses aspects négatifs.
À la SERS, nous en avons bien conscience et le cahier des charges imposé aux promoteurs dans l’écoquartier Danube, par exemple, demande le traitement et une utilisation fonctionnelle diversifiée de la cinquième façade. C’est ainsi que sur ces toitures-terrasses sont créés des espaces et lieux de rencontre, mais également des jardins partagés, et des espaces verts d’agrément.
Saclay
Les édicules et artifices techniques ont soit disparu ou sont habillés pour être cachés de la vue des habitants soit sont harmonieusement intégrés.
Aujourd’hui, on verdit les toits pour de l’agrément bien sûr, mais aussi pour de la régulation thermique. Toutes ces actions ne poursuivent qu’un seul objectif : vivre mieux.
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